Ce site utilise des cookies. En continuant votre navigation vous acceptez leur utilisation pour vous proposer du contenu adapté.

dimanche, 18 septembre 2016 00:03

Ces choses qui "flinguent" votre développement personnel

En matière de développement personnel, il n'existe guère de méthodologie unique, de voie universelle menant vers une pseudo-plénitude ou bonheur permanent. Il existe différents chemins ; chacun avec leurs lots d'épines et complexités de progression ; qui se corrèlent à différents parcours de vie, croyance, choix et contraintes personnels.

 

Ces différents itinéraires ne mènent nullement à un absolu, à une harmonie complète et parfaite, que ce soit de la pensée, esprit ou âme ; ce que certains philosophes prônent sous le terme ataraxie ; ou bien à un idéal corporel voire une absence de trouble corporelle qu'Epicure se plaît à nommer aponie.

Le développement personnel, nous le pratiquons tous, à différents degrés et niveaux d'intensité, que soit spontanément ou par le biais de diverses techniques ou activités. Il inclut ce qui tend à nous faire gagner en maturité, à nous améliorer psychiquement, en conceptualisation, connaissance du monde, en créativité ; tout ce qui tend à affermir notre personnalité, la connaissance de soi ou bien encore à libérer notre personnalité ou nous débarrasser du poids des apparences.

Le développement personnel peut aussi bien s'apparenter à l'apprentissage de techniques de lâcher prise, qu'à l'atteinte de nouveaux buts, objectifs ou axes de progression. Il peut aussi être une introspection, une observation et analyse de soi basée sur de la sincérité ; à l'image du célèbre "connais toi toi-même" inscrit sur le temple de Delphes et repris par Socrate comme leitmotiv de sa maïeutique : faire accoucher les âmes et les mener à la sagesse ou à l'amour de la sagesse (philo pour aimer et sophia pour sagesse).

Le développement personnel, s'il peut aisément s'effectuer via la philosophie, peut aussi bien transiter par un coaching effectué dans un but précis, que naître dans des techniques de relaxation et autres concepts "zen", ou bien encore prendre forme dans la pratique sportive : amélioration de ses capacités corporelles, de sa force, sa souplesse, son endurance, sa résistance, son explosibilité, son adresse, ses techniques de jeu...

Le développement personnel, une notion finalement floue ? 

Exactement. La définition de développement personnel n'est pas précise, car si son concept est net, l'amélioration de soi, ses items ne sont pas limités et se déclinent à l'infini. Car, ce qui permet à un être humain d'être satisfait de sa vie, de ses progrès, du sens qu'il donne à son existence, ce qu'il estime être amélioration, dépend grandement de sa vision et « cartographie » du monde, de ses attentes et objectifs de vie. Ainsi, en fonction des définitions, peuvent aussi entrer dans le développement personnel, l'accompagnement psychologique ou thérapeutiques pour déverrouiller certains traumas, guérir de pathologies ou connaître des rouages inconscients qui pèsent sur notre tempérament et notre comportement.

Véritable boite de Pandore, le développement personnel regorge de principes, techniques et méthodologies de toutes sortes, parfois antithétiques, mais souvent complémentaires, se basant sur diverses approches ou visions de ce vaste domaine de l'amélioration de soi.

Historiquement, l'influence de la psychanalyse freudienne, puis celui de Jung ont mené divers opposants à des explorations diverses et variées pour sortir du carcan analytique et de l'analyse à outrance de l'inconscient (certains philosophes comme Alain ou Sartre se sont opposés à la vision freudienne). De nombreux débats et théories ont émergé, créant des oppositions de style, parfois par pays, la France restant traditionnellement assez freudienne, Lacan, Laforgue, Dolto issus de cette mouvance. "Le livre noir de la psychanalyse" est à ce sujet assez édifiant à lire, décrivant sombrement les intrications des théories freudiennes et ses dangers, sans pour autant être purement objectif selon ses détracteurs, mais méritant de mettre un pavé dans la marre dans la pratique française. Il a par ailleurs l'avantage de mettre en exergue d'autres procédés et avancée sur la psyché, explorant notamment les théories de type TCC (thérapies cognitivo comportementales). "L'anti livre noir de la psychanalyse", écrit par des pro-freudiens, des lacaniens, est une réponse cinglante qui révèle un vaste débat de terminologie et des perceptions différentes des procédés à appliquer.

Car il y a de quoi se perdre pour pour celle, celui ou ceux qui décideraient se faire aider.qui déciderait se faire aider. Avez-vous entendu parler de la Gestalt thérapie axée sur le "hic et nunc", sur l'ici et maintenant ? Quelles différences avec les TCC qui s'affairent à structurer différemment les schémas de pensées menant aux émotions? Et l'analyse transactionnelle qui s'intéresse à la personne, à ses relations, sa communication et à l'intra-pyschique ? Que dire de la systémie, l'hypnose ericksonnienne, la PNL ? Quelles différences entre les différents praticiens ? Et les coachs dans tout ça ? Comment atteindre ses objectifs, être plus heureux ?

Quels sont les freins au développement personnel ?

Bonne nouvelle, loin de tous ces termes et de tout cet outillage, s'améliorer substantiellement est un processus qui ne nécessite rien d'extérieur à soi ; du moins initialement. N'oubliez jamais que tout ce jargon est d'abord né d'un champ exploratoire ; soit malsain, soit non autonome. Par malsain, entendez malade, des individus porteurs de diverses souffrances sur lesquels il y a eu extrapolation ; personnalités névrotiques et psychotiques, les mots sont lâchés, bien que pour les psychologues nous soyons tous plus ou moins névrosés. Le mot extrapolation est ici fort, mais de vifs débats au niveau de l'épistémologie (étude et critique philosophique des postulats scientifique) psychanalytique existent toujours.Par non autonome ; sans jugement de valeurs, il y a tant de trajectoires de vie ; entendez des individus qui ne sont pas, une fois adultes, suffisamment compétents pour eux-mêmes et ont besoin fort d'assistance.

Ceci dit, nous nécessitons parfois des mentors, des professeurs, des modèles, entraîneurs ou des coachs pour progresser dans une discipline ou domaine d'affection, mais ceci n'est, et heureusement, pas obligatoire.

1 - Le 1er frein au développement personnel est ainsi une méconnaissance ou des doutes en ses propres capacités. Ne pas suffisamment croire en soi, minimiser voire négliger ses propres compétences pour juger ses buts hors d'atteinte, ne rien faire sous prétexte de ne pas savoir par où commencer. À l'heure du tout coaching, coach de vie, professionnel, sportif, séduction, on peut rapidement avoir l'impression que l'on ne peut rien débuter seul, dans son coin. S'il faut véritablement prendre en compte la spécificité du coaching sportif, le seul garant d'une bonne exécution des mouvements ; il y a donc un certain risque à l’usage esseulé ; tout peut s'engager seul. Par de la lecture (articles, livres, sites internet), des illustrations, des vidéos, on peut s'intéresser et apprendre sur nombre de domaines ; appelez cela autodidacte ou self made (wo)man pour ceux qui ont réussi.

Maupassant commence à versifier à 13 ans, sa mère lui fait rencontrer Flaubert à 17 ans, qui le guidera vers la prose et deviendra son mentor. Maupassant travaillant le soir comme un forcené sur ses œuvres littéraires, publiant même initialement sous pseudonyme (Joseph Prunier, Guy de Valmont...). Albert Einstein s'est intéressé jeune à science, intrigué par une boussole, dévorant à 12 ans un livre de géométrie, puis plus tard des livres de vulgarisation scientifique. Sébastien Loeb maltraitait déjà ses voitures avant de faire la moindre course, Arnold Schwarzenegger avait équipé le sous-sol de la maison de ses parents de bancs et haltères, car le prix de la salle d'entraînement été trop élevé. Nous parlons ici de génies dans leur discipline, mais ne négligeons pas la part de travail, et de passion ; d'abord seul puis ensuite accompagné.

D'une façon générale, ne doutez pas en vous, nous avons tous d'énormes capacités qui ne demandent qu'à s'exprimer.

2 - Poursuivre en priorité un objectif qui n'est pas véritablement le sien. Surprenant, mais bien plus fréquent qu'on ne l'imagine, le poids familial, communautaire, sociétal peut amener certaines personnes à poursuivre des buts qui ne sont objectivement pas leurs priorités intrinsèques ; pénalisant dès lors leurs vraies cibles, et les menant directement à l'échec. Il faut savoir clarifier ses objectifs, savoir identifier ses motivations profondes, ordonnancer ses priorités et surtout rationaliser ses choix de vie, distinguer ceux qui vous sont propres, viennent de facteurs endogènes, de ceux qui viennent de l'extérieur, exogènes, qui se présentent sous la forme d'injonctions ("tu dois", "il faut que", "il est interdit de", "quelqu'un de bien ferait", "sois juste", etc). Éviter cet écueil n'est pas simple, car il n'est pas non plus systématique. Facteurs familiaux, communautaires, sociétaux et consorts sont constitutifs d'une personne. L'ethnothérapie n'existe ainsi pas par hasard ; soigner quelqu'un en fonction de ses croyances marche, bien évidemment.

Imaginons quelqu'un de profondément animiste, croyant à la présence d'âmes dans les choses. Que feriez-vous pour l’aider ? Changez son système de valeur ? Le « reprogrammer » ? Certains peuvent croire aux esprits, aux anges, aux démons, comme d'autres peuvent croire en Dieu.  La conscientisation du monde est quelque chose de très particulier, déterminer qui a raison ou discourir sur le métaphysique, ne sont heureusement pas toujours le fond des débats. Accompagner, aider et soigner quelqu'un en besoin ou bien en souffrance doit également se faire en fonction de son modèle de pensée, de ses paradigmes. Nous avons tous des objectifs de vie qui nous sont imposés de l'extérieur. S'y on y agrée, que l'on est convaincu de leurs bien-fondés, il n'y a aucun problème à les poursuivre puisque nous harmonisons affect, pensée et comportement ; nous sommes dans la congruence en somme.

A contrario, certaines personnes placent injustement comme impondérables à leur développement des objectifs qu'ils ne "sentent" pas. Structures de pensée différentes, expériences ou réflexion autre, appelez-les rebelles dans l'âme si vous voulez, mais assurément pas dans les faits. Car ils se plient au joug de leur éducation, à la pression extérieure, tout en ressentant que quelque chose les dérange, ne va pas, sans pour autant réussir à l'exprimer ou pire, en prendre conscience.

Certaines personnes ont un modèle de vie, voire une vie, qui ne leur convient pas, d’autres suivent une orientation professionnelle ou exerce une profession qu’il ne souhaite pas vraiment. À un niveau moins important, certaines personnes s'inscrivent en salle de sport, non pour elle, mais parce qu’on les y incite ou pour faire comme les autres. Il pourra y avoir du changement, mais le naturel reviendra au galop, car la motivation n'est pas intrinsèque.

3 - Manquer d'assertivité. L'assertivité se définit comme la capacité à savoir affirmer ses opinions tout en respectant les autres.  Cette aptitude implique de savoir effectuer une communication non violente, de ne pas virer vers l'agressivité ni vers la passivité, de savoir être en retenue sans pour autant hésiter à dire ce que l'on pense vraiment, et ce dont on a envie. L'assertivité évite tout comportement manipulateur, implique une souplesse intellectuelle et une capacité à composer tout en respectant l'altérité et le point de vue de l'autre. Un manque d'assertivité peut mener à être soumis (dire oui quand on voudrait dire non par exemple), ou à être excessif dans ses paroles ou comportement (ne pas savoir prendre de gants, agresser l'autre). L'assertivité, c'est de la confiance en soi, de l'estime de soi, mais aussi énormément de bienveillance et respect de l'autre.

L'assertivité s'apprend, mais en manquer peut mener à des situations inconfortables d'opposition constante ou de soumission quasi totale. Dans le premier cas, on se retrouve en lutte, dans l'incapacité de justifier et mener ses choix sans ombrage, l’impression de tout avoir contre soi, d’avoir du mal à expliquer ses orientations et émotions, remplaçant assurance et conviction par agressivité et combats ; contre votre conjoint, vos parents, collègues, chefs. Dans le second cas, vous vous plierez, en insatisfaction totale, sans réussir à l'exprimer ou faire quoi que ce soit pour modifier la situation. 

Assertivité, flexibilité relationnelle, communication non violente (C.N.V), les pistes d'exploration sont vastes.

4 - La pensée obsessionnelle - qui vous place de façon paradoxale soit trop dans l'attente, l'inaction, soit trop dans la praxis, l'action, orientant votre activité physiologique, mais surtout psychique, vers l'accomplissement d'un but. Merleau-Ponty dans Éloge de la philosophie, indique que "celui qui réfléchit sur l'action n'agit pas". À trop réfléchir, à être trop obsédé par une idée, on peut facilement noyauter son esprit à réfléchir et gaspiller de la ressource sur un seul sujet. On connaît alors un large panel d'émotion, alternant joie, tristesse, mais surtout envie et désir. Schématiquement, au niveau psychanalyse, l'envie se situe dans le conscient et le désir dans l'inconscient ; pour les philosophes, c'est différent, certains voyant le désir comme l'expression d'un manque (Platon, Epicure, Schopenhauer, Aristote), d'autres comme une puissance, un élan (Spinoza, Nietsche) ; l'envie étant peut discuter, considéré soit comme synonyme de désir, besoin (notamment organique) ou attrait à la jalousie. En tout cas, des sentiments forts qui ne mènent à aucune action concrète et qui se tapie dans le domaine de la réflexion, du conceptuel, amenant hésitation, ressentiment, stress voire dépression, puisque rien n’évolue.

À l'inverse, mener une grande majorité ses activités dans l'accomplissement d'un but ; ce n'est pas toujours le cas, il suffit de lire la biographie de grands sportifs pour s'en rendre compte, bien qu'ils doivent eux aussi gérer leur reconversion, l'après ; peut s'avérer néfaste. Orienter ses ressources personnelles sans se poser les bonnes questions, sans se remettre en cause, sans réinterpréter ses choix de vie, sans se repositionner, peut amener à un sentiment de vide. L'objectif peut ne jamais être atteint, mener à la surchauffe, au risque d’un burn-out à trop vouloir.

Savoir passer autre chose, même temporairement, savoir "switcher" lorsque cela s'avère nécessaire est plus que salvateur. On peut aussi échouer même en mettant tout en œuvre pour réussir. De plus, rien n'est immuable, il faut savoir être adaptatif, résilient, ne pas perdre ses objectifs de vue, mais apprendre à découvrir de nouveaux centres d'intérêts, à multiplier les passions et gagner de nouvelles compétences.

5 - Plein d’autres petits "détails" qui sont plus impactant qu’il n’y paraîtIl y a la procrastination, bien décrite dans de nombreux articles et magazine est, à juste titre, qualifiée de bien des maux. Repousser au lendemain ce que l'on pourrait faire le jour même participe à une inertie dans l'atteinte des objectifs. À force de repousser, on finit très facilement par ne rien faire, transformant les volontés initiales en velléités moribondes qui finissent complètement par disparaître. Qui s'est inscrit en salle de sport, y est allé quelquefois, repoussant au fur et à mesure les séances pour ne finalement ne plus montrer le bout de son nez ?   

Ne pas se remettre en cause, s’analyser ou chercher à se comprendre. Evoluant, une décision prise à un certain moment dans notre vie peut ne plus correspondre. S'améliorer ce n'est pas obligatoirement vouloir en faire ou développer de nouvelles capacités, c'est aussi apprendre de ses erreurs ou objectiver son comportement ou la compréhension des autres : savoir remettre en cause, que ce soit les autres, soi-même, ses relations ou ses actions. Beaucoup de personnes craignent ce point, car on l'on peut s'attaquer aux fondations, où du moins ce que la personne croit être des fondations, constitutifs de sa propre personne.

La conviction d'un manque de temps ou "comment se trouver de bonnes excuses, et s'en convaincre". Chacun ordonnance le temps comme il peut, mais surtout comme il veut, démontrant factuellement ses vraies priorités. Constater sa réalité, éviter les biais et être dans le factuel. Oui, on peut être carriériste, trop axé sur sa famille au point de s'oublier soi ou être complètement intéressé par son travail. Réaliser les choses est une l'étape de base pour ceux qui veulent changer.

Mais ce n'est pas tout, il y a la peur d'être mal jugé, la frilosité menant, à être gelé dans ses actions. Ici ce n’est pas du Lavoisier, "rien ne se perd rien ne se crée, rien ne se transforme" puisque rien ne se passe. Il y a le fait de ne pas savoir gérer ses émotions, de se plonger dans toute une série d'états qui limitnent à la personnalité dans son avancement. Il y a aussi cette ineffable tendance à chercher à paraître plutôt que d'être menant au sous-jacent chercher à avoir plutôt que d'être tout comme envisager le développement personnel comme une action structurellement égoïste, là où la démarche peut et doit s'avérer altruiste. Un meilleur soi à offrir aux autres plutôt qu'un meilleur soi parmi les autres.